OPiCitations
quotation
Aimer passionnément une femme et sans en être aimé, voilà qui prouve que le destin est un pitre qui ne mérite pas autre chose qu’une tarte à la crème. Dans ses moments d’authenticité – il avait de ces défaillances – il arrivait même à Willie de penser que ce sera finalement dans une tarte à la crème que l’on retrouvera un jour, intacte, indélébile, l’empreinte de la figure humaine.
femme
À la sortie, une jeune femme brune, dont le teint semblait avoir avec le soleil des rapports de naissance plutôt que de rencontre, se détacha de la foule et vint vers moi, le programme à la main.
pseudonyme
Alors que je m’y étais fourré tel qu’on m’a inventé et que tous les critiques m’avaient donc reconnu dans le personnage de « tonton macoute », il n’est venu à l’idée d’aucun qu’au lieu de Paul Pavlowitch inventant Romain Gary, c’était Romain Gary qui inventait Paul Pavlowitch.
humour
— Ann, la dérision n’est parfois qu’une épreuve à laquelle un croyant soumet sa foi, afin qu’elle en sorte plus forte, plus sûre d’elle-même et plus sereine…
bonheur
Au détriment du bonheur, qui est pour une grande part paix de l’esprit et qui fait toujours l’autruche.
femme
Car il arrive un moment dans la vie où toutes les femmes que l’on a rencontrées finissent par composer une image très claire de celle qui vous manque.
bonheur
[…] car la solitude n’est pas de vivre seul, mais d’aimer seul : ne jamais rencontrer celle qui ne vous aimera jamais, voilà peut-être la définition la plus juste du bonheur humain.
amour
Ce n’est pas que mon corps automnal refusât de servir, mais il me parlait de plus en plus de moi-même et de moins en moins de Laura.
Dieu
Ces rapports « chien sans maître » avec Dieu ou avec l’absence de Dieu, que Dieu soit ressenti comme une présence ou comme un manque, sont toujours des rapports avec un collier et une laisse qui me sont totalement étrangers.
quotation
— C’est justement pourquoi tu vois tant de gens haineux. Tu vois plein de gens qui haïssent tous ceux qu’ils n’ont pas rencontrés, c’est même ce qu’on appelle l’amitié entre les peuples.
— Et à soixante ans, quand je serai vieille ?
— Tu veux dire le ventre, les seins, les fesses, tout ça ?
— Ben oui. Ça fait peur, non ?
— Non.
— Comment, non ? Quand je serai une vieille peau ?
— Ça n’existe pas, une vieille peau, c’est des histoires sans amour.
Les nuits étaient des îles. Mes lèvres erraient sur les plages chaudes. Je luttais contre le sommeil, qui est toujours un peu voleur.
— Et à soixante ans, quand je serai vieille ?
— Tu veux dire le ventre, les seins, les fesses, tout ça ?
— Ben oui. Ça fait peur, non ?
— Non.
— Comment, non ? Quand je serai une vieille peau ?
— Ça n’existe pas, une vieille peau, c’est des histoires sans amour.
Les nuits étaient des îles. Mes lèvres erraient sur les plages chaudes. Je luttais contre le sommeil, qui est toujours un peu voleur.
ONU
C’est trop con et c’est l’équivalent du bon vieux « mondialisme », genre O.N.U., un film de bourrage de crâne en Mondovision qui ne fera pas recette.
pouvoir
C’était une puissance banale, sortie de l’argent et qui y retournait.
quotation
Ce verbalisme « libérateur », c’est des compensations de l’angoisse, de la peur bleue de ne pas bander, de la frigidité, des camouflages de l’anxiété et du désespoir.
quotation
Chance, destin, ironie du sort : peu importe le nom que l’on donne à cette petite monnaie que nous ont laissée les dieux grecs et à ces entreprises de démolition dont chacun sait que nous n’en sommes point l’objet, puisqu’il ne saurait y avoir préméditation et dessein là où il n’y a rien et où tout nous ignore.
amour
[…] chaque seconde semblait mêler l’éternel à l’éphémère et Ann sourit à ce regard un peu triste, si attentif, qui l’apprenait par cœur.
— Chaque fois que tu me regardes, on dirait que tu fais des provisions. Habillons-nous. Sortons. Il fait si beau dehors.
— Partout.
— Quoi ?
— Il fait beau partout. Dehors. Dedans. Partout.
— Chaque fois que tu me regardes, on dirait que tu fais des provisions. Habillons-nous. Sortons. Il fait si beau dehors.
— Partout.
— Quoi ?
— Il fait beau partout. Dehors. Dedans. Partout.
rébellion
D’ailleurs, on ne se rebelle que contre ce qui vous tient prisonnier et, après tout, une vie de rébellion est avant tout une vie de servitude.
bonheur
D’ailleurs, tout le monde sait que le bonheur, c’est de la propagande communiste.
quotation
Dans la clarté qui le baignait, le visage d’Ann paraissait prêter sa lumière au jour plutôt que l’en recevoir et bouleversait Willie d’une manière indigne de son cynisme notoire et de sa réputation soigneusement entretenue de salaud intégral.
quotation
Derrière lui, sur l’étagère, il y avait un de ces affreux petits bouddhas bleus et obèses dont l’expression de sagesse est une invitation à finir dans la graisse.
machisme
Dès qu’un homme se met à me parler « femmes », au pluriel, sur un ton de complicité masculine entre connaisseurs de viande sur pied, je ressens à son égard une montée de haine presque raciste. Et j’ai toujours eu horreur de ces racolages confidentiels qui impliquent la fréquentation des mêmes bas-fonds psychologiques.
quotation
— Dis-moi, Ann… tu t’imagines ça, toi ? Tu peux t’imaginer une femme me quittant pour un toréador ? Je ne dis pas ça par vanité, bien au contraire… Mais comment pouvait-elle se tromper à ce point ? Je veux dire : comment avait-elle pu m’épouser ?
fleur
Elle m’ouvrit la porte, vêtue de transparence, tenant encore dans ses bras un de ces bouquets de fleurs qui partent toujours à la recherche d’un cœur et ne trouvent qu’un vase.
femme
Elle paraissait si menue : ses cheveux sombres semblaient la contenir toute. Les yeux, le nez, les lèvres, le menton, l’oreille y dormaient bien au chaud.
On avait envie de les prendre l’un après l’autre et de les porter à son visage, les effleurer de sa joue et de les remettre ensuite dans leur nid sans réveiller leur mère.
Et à l’aube, il se réveilla encore et lui sourit et baissa la tête dans ce geste immémorial qui pousse toujours l’homme à appuyer son front sur ce qu’il adore.
On avait envie de les prendre l’un après l’autre et de les porter à son visage, les effleurer de sa joue et de les remettre ensuite dans leur nid sans réveiller leur mère.
Et à l’aube, il se réveilla encore et lui sourit et baissa la tête dans ce geste immémorial qui pousse toujours l’homme à appuyer son front sur ce qu’il adore.
quotation
Elle souriait encore, en arrivant, et Willie reçut ce sourire qui ne lui était pas destiné.
bonheur
Et comme toutes les natures heureuses, tu étais peu exigeante et ne savais même pas que tu l’étais si peu.
amour
Évidemment, je t’en veux ; si je ne t’aimais pas, je serais tellement heureux avec toi !
humour
Il croit qu’il existe un art de perdre et qui s’appelle l’humour.
quotation
Il est commun, ayant loupé en fin de course, de se dire qu’on vous a brisé les jambes au départ.
mensonge
Il n’y a d’ailleurs rien de tel que la vérité pour aider à mentir.
femme
Il y a chez Laura un côté « île heureuse » qui doit sans doute beaucoup à son Brésil natal mais encore plus à ses rapports confiants avec la vie. Laura ouvre chaque matin la fenêtre au jour qui se lève comme si ce vieux traînard l’attendait depuis l’aube les bras chargés de dons. Les yeux sont d’une gaieté brune et chaude sous des sourcils presque droits dont elle préserve l’épaisseur…
quotation
— Il y a six mois. Mais ça ne cesse jamais… Je me demande si je ne prolonge pas… délibérément, pour faire du souvenir une raison de vivre. Sans ça… je ne saurais pas ce que je fais là.
bonheur
— Jacques, qu’est-ce qu’on fait quand on est complètement heureux ? On se fait sauter la cervelle, ou quoi ? J’ai l’impression d’être une voleuse. Le monde n’est pas fait pour ça.
— En général, ça se tasse. Il paraît qu’il ne faut pas avoir peur du bonheur. C’est seulement un bon moment à passer.
— En général, ça se tasse. Il paraît qu’il ne faut pas avoir peur du bonheur. C’est seulement un bon moment à passer.
suicide
J’ai fait un effort désespéré, total, mais personne n’a jamais réussi à crever par un acte de volonté.
art
J’écris ces lignes à un moment où le monde, tel qu’il tourne en ce dernier quart de siècle, pose à un écrivain, avec de plus en plus d’évidence, une question mortelle pour toutes les formes d’expression artistique : celle de la futilité.
quotation
— Je devrais me méfier de toi, dit-elle. Les gens qui parlent bien sont comme des danseurs professionnels. Ils dansent la valse à la perfection avec n’importe qui.
amitié
Je l’aimais bien. Enfin, comme on peut aimer quelqu’un qui vous ressemble.
humour
Je me réfugiai dans mon prêt-à-porter habituel : l’ironie…
quotation
« Je me suis promenée toute la matinée avec toi au bord de la Seine pendant que tu étais au bureau et j’ai acheté chez un bouquiniste les poèmes du poète brésilien Arthur Rimbaud, tu sais, celui qui fut le premier à découvrir les sources de l’Amazone et qui est né français à la suite d’une erreur tragique qu’il vaut mieux passer sous silence. Tu ne sauras jamais ce que ta présence signifie pour moi quand tu n’es pas là car le ciel parisien et la Seine sont à cet égard d’une indifférence qui m’irrite par leur air d’avoir déjà vu tout ça un million de fois et n’être plus capables que d’une carte postale. »
quotation
Je n’avais pas la moindre chance de m’en tirer seul et la raison était bien simple : j’avais trop aimé pour être encore capable de vivre de moi-même. C’était une impossibilité absolue, organique : tout ce qui faisait de moi un homme était chez une femme. Je savais que l’on disait parfois de nous, presque sur un ton de blâme : « Ils vivent exclusivement l’un pour l’autre. » J’étais attristé par l’aigreur de ces accents, leur manque de générosité et leur froide indifférence à la communauté humaine. Chaque amour heureux porte nos couleurs : il devrait avoir des millions de supporters. Notre fraternité est enrichie par tout ce qui nous éclaire. La joie d’un enfant ou la tendresse d’un couple brillent pour tous, elles sont toujours une place au soleil. Et un désespoir d’amour qui désespère de l’amour est une bien étrange contradiction.
quotation
J’entrai et la pris dans mes bras. Je sentis ses ongles sur ma nuque. Elle sanglotait. Je savais qu’il ne s’agissait ni de moi ni d’elle. Il s’agissait de dénuement. C’était seulement un moment d’entraide. Nous avions besoin d’oubli, tous les deux, de gîte d’étape, avant d’aller porter plus loin nos bagages de néant. Il fallut encore traverser le désert où chaque vêtement qui tombe, rompt, éloigne et brutalise, où les regards se fuient pour éviter une nudité qui n’est pas seulement celle du corps, et où le silence accumule ses pierres. Deux êtres en déroute qui s’épaulent de leur solitude et la vie attend que ça passe. Une tendresse désespérée, qui n’est qu’un besoin de tendresse. Parfois nos yeux se cherchaient dans la pénombre pour braver le malaise. Une photo de fillette sur la table de chevet. Une photo de fillette qui riait sur la cheminée. Un portrait maladroit, sans doute peint de mémoire. Ce que nous avions de commun était chez les autres mais nous unissait le temps d’une révolte, d’une brève lutte, d’un refus du malheur. Ce n’était pas entre nous deux : c’était entre nous et le malheur. Un refus de s’aplatir sous les roues, d’ainsi soit-il. Je sentais ses larmes sur mes joues. J’ai toujours été incapable de pleurer et c’était un soulagement qu’elle m’offrait. Dès qu’il y eut, chez elle, regret ou remords, chute, gêne et culpabilité, elle se leva, mit un peignoir, alla se recroqueviller dans un fauteuil, les genoux sous le menton. Je ne m’étais encore jamais vu un tel intrus, dans un regard de femme.
quotation
Je tiens cependant à mettre en garde le lecteur peu familiarisé avec mon genre de drôlerie : je demeure entièrement fidèle aux aspirations que je moque et agresse dans mes livres afin de mieux en éprouver la constance et la solidité. Depuis que j’écris, l’ironie et l’humour ont toujours été pour moi une mise à l’essai de l’authenticité des valeurs, une épreuve par le feu à laquelle un croyant soumet sa foi essentielle, afin qu’elle en sorte plus souriante, plus sûre d’elle-même, plus souveraine.
(Note de l’auteur)
(Note de l’auteur)
maîtrise
Kleindienst était un homme de cette distinction et de cette rectitude méticuleuse à l’allemande dont on ne sait jamais vraiment si elles traduisent une solidité psychique à toute épreuve ou si elles servent surtout à dissimuler un chaos intérieur.
culture
La culture n’a absolument aucun sens si elle n’est pas un engagement absolu à changer la vie des hommes.
dignité
La dignité n’est pas quelque chose qui interdit l’irrespect : elle a au contraire besoin de cet acide pour révéler son authenticité.
lucidité
La lucidité est une des grandes sources méconnues du rire.
travail
L’asservissement de l’homme au gagne-pain, c’est une monstruosité : la réduction de l’homme à l’état d’un jeton de présence. On l’introduit dans la machine sociale, qui la restitue à l’autre bout à l’état de retraité ou de cadavre.
politique
La vérité politique est faite de rencontres avec la vérité historique, c’est un ligne qui court en zigzags et en oscillations à travers tous les partis, et je me force de suivre cette ligne et les partis qu’elle traverse momentanément.
bonheur
Le bonheur est un travail d’équipe.
passé
Le plus grand progrès que l’humanité ait connu eut lieu lorsque le Moyen Âge a découvert le passé : il a découvert l’Antiquité, la Grèce, et c’est ainsi qu’il s’est ouvert sur l’avenir… S’imaginer qu’en cinq mille ans d’œuvres aucune racine permanente n’a été plantée, c’est d’une rare imbécillité…
quotation
Le présent, de toute façon, c’est des provisions de bouche.
réalisme
Le réalisme, pour l’auteur de la fiction, cela consiste à ne pas se faire prendre.
personnalité
Les gens font toujours du casting, ils vous distribuent des rôles suivant leur propre imagination, sans aucun rapport avec ce que vous êtes.
vie
Les hommes meurent parfois beaucoup plus tôt qu’on ne les enterre.
amour
les poèmes d’amour étaient là bien avant l’œuvre des poètes.
quotation
Le subconscient, je ne souhaite pas ça à mes meilleurs amis.
humanité
L’homme — mais bien sûr, mais comment donc, nous sommes parfaitement d’accord : un jour il se fera ! Un peu de patience, un peu de persévérance : on n’en est plus à dix mille ans près. Il faut savoir attendre, mes bons amis, et surtout voir grand, apprendre à compter en âges géologiques, avoir de l’imagination : alors là, l’homme ça devient tout à fait possible, probable même : il suffira d’être encore là quand il se présentera. Pour l’instant, il n’y a que des traces, des rêves, des pressentiments… Pour l’instant, l’homme n’est qu’un pionnier de lui-même. Gloire à nos illustres pionniers !
Sacha Tsipotchkine,dans Promenades sentimentales au clair de lune
Sacha Tsipotchkine,dans Promenades sentimentales au clair de lune
humour
L’humour et la bouffonnerie n’ont jamais eu d’autre raison d’être que cette volonté d’amortir les chocs mais, poussés au-delà du minimum vital nécessaire, ils finissent par devenir une véritable danse sacrée d’écorché vif, et c’est ainsi que La Marne s’était peu à peu transformé en un véritable derviche tourneur.
impossible
L’inaccessible, on le fabrique souvent soi-même.
héroïsme
L’incitation à l’héroïsme, c’est pour les impuissants.
mal
Lorsque Laura pleurait, il y avait crime contre l’humanité. Il y avait exode des populations civiles mitraillées sur les routes. Il y avait nazisme, et Hitler c’était moi.
création
Maintenant je sais comment sont nés tous les grands mythes populaires. Ils sont nés de l’absence de vie et de la misère. Leurs auteurs n’avaient aucun pouvoir, alors, ils remuaient ciel et terre. Ils se réfugiaient dans l’imagination, parce qu’ils n’avaient rien d’autre…
illusion
Mais arrachez l’illusion de l’âme humaine : la civilisation y perdra ses plus beaux chants et, d’une voix d’eunuque, ne nous parlera plus de rien.
europe
Mais dès qu’on se met à parler « d’indépendance européenne », on fait semblant d’oublier que la valeur « Europe » a été lancée en 1947-1949 comme un contenu idéologique concurrentiel face à l’offre communiste, un « nous aussi nous avons quelque chose à proposer ».
amour
Ne m’appelle pas. Ne dis pas mon nom : on croirait que nous sommes deux.
quotation
On a tort de dire que nous croyons, nous autres [les Juifs], à un Dieu sévère, impitoyable. Ce n’est pas vrai. Nous savons que Dieu n’est pas inaccessible à la pitié. Il a des moments de distraction, comme tout le monde : parfois, il oublie un homme, et ça fait une vie heureuse.
quotation
— On exagère toujours. On joue à se dire que c’est fini. On écoute un air essoufflé de flûte indienne. On vit seule, pour se prouver que l’on peut. Mais on regarde un étranger comme si c’était encore possible. Et je vous ferais remarquer que je sais aussi ceci : il ne suffit pas d’être malheureux séparément pour être heureux ensemble. Deux désespoirs qui se rencontrent, cela peut bien faire un espoir, mais cela prouve seulement que l’espoir est capable de tout… Je ne suis pas venu ici pour mendier…
Je mentais, et c’étais encore une façon de mendier. Elle alla à la porte et je la suivi. Je repris mes affaires. Elle me tendit la main.
— J’espère que nous allons quand même nous revoir, dis-je, avec beaucoup de correction.
Je mentais, et c’étais encore une façon de mendier. Elle alla à la porte et je la suivi. Je repris mes affaires. Elle me tendit la main.
— J’espère que nous allons quand même nous revoir, dis-je, avec beaucoup de correction.
psychologie
On ne fait pas une mère, un fils et un homme avec des manuels de psychologie, la vie se fout bien des règlements et des impératifs. La psychanalyse est un gosse de riche. N’oublions pas qu’Œdipe était un petit prince : c’est essentiel, et Freud l’a un peu oublié, non ? C’est dans les palais que ça se passait…
quotation
On ne peut pas juger les hommes par ce qu’ils font quand ils enlèvent leur pantalon. Pour leurs vraies saloperies, ils s’habillent.
réalité
[…] parce que le réalisme ne me suffisait plus et qu’il me fallait de la réalité.
quotation
Pars, va-t’en loin, comme tu l’as promis. Là. Mets ta tête ici, chez toi. Ne t’engonce pas dans le malheur, ne pense pas à moi tout le temps, je ne veux pas devenir une rongeuse… Je suis obligée de te quitter. Je te serai une autre femme. Va vers elle, trouve-là, donne-lui ce que je te laisse, il faut que cela demeure. Sans féminité, tu ne pourras pas vivre ces heures, ces années, cet arrachement, cette bestialité que l’on appelle si flatteusement, si pompeusement : « le destin ». J’espère de tout mon amour que tu vas la rencontrer et qu’elle viendra au secours de ce qui, dans notre couple, ne peut pas, ne doit pas mourir. Ce ne sera pas m’oublier, ce ne sera pas « trahir ma mémoire », comme on dit pieusement chez ceux qui réservent leur piété à la mort et au désespoir. Oh non ! Ce sera au contraire une célébration, une permanence assurée, un défi à tout ce qui nous piétine. Une affirmation d’immortalité. Il faut qu’elle t’aide à profaner le malheur : nous lui avons témoigné, depuis des millénaires, assez de « respect ». Nous baissons trop humblement, trop facilement la tête devant ce qui nous traite avec tant d’indifférence et de barbarie. C’est pour moi une question de fierté féminine. Presque de survie. Une révolte, une sorte de lutte pour l’honneur, un refus d’être bafouée. Cette sœur inconnue, va à sa rencontre, dis-lui combien j’ai besoin d’elle. Je vais disparaître, mais je veux rester femme…
quotation
Penser uniquement au présent est la seule façon d’être prévoyant…
quotation
Personne n’est jamais arrivé à résoudre cette contradiction qu’il y a à vouloir défendre un idéal humain en compagnie des hommes.
artiste
Pour l’artiste, le réel ne sera jamais le vrai, ni la vie pour le vivant.
quotation
Pour le première fois dans ma vie d’homme je m’observais plus dans l’étreinte que je ne m’oubliais.
homme
Pour moi toute la notion de "profondeur de l’homme" n’a de profond que sa prétention. La "profondeur" est un rapport tragique que l’homme a avec sa superficialité foncière, lorsqu’il en prend conscience. La tragédie profonde de l’homme, c’est sa superficialité, son insignifiance.
quotation
Que voulez-vous, nous autres, grands artistes, nous sommes tous condamnés à la bouteille à la mer. D’ailleurs, il n’y a plus de mer, il n’y plus que des bouteilles.
scénariste
Tous ces bonshommes essayaient de prendre l’écrivain et de se servir de lui comme d’un stylo ; ce n’étais pas pour moi, ce genre de servitude.
amour
— Tu peux me quitter n’importe quand, je ne dirai rien, je te suivrai partout, je veux que tu te sentes libre. Naturellement, si tu tombes amoureux d’une autre femmes, il faut que tu me le dises, je n’avalerai pas un tube de somnifère, ce serait du chantage, j’irai seulement voir si elle est belle et puis je me coucherai vêtue de ma robe de mariée et je mourrai de vêpres siciliennes…
— Les vêpres siciliennes sont un opéra.
— … Mais ça sonne comme une maladie avec des plaques rouges et des vomissements. Monsieur, te dira le médecin, votre amie est atteinte de vêpres siciliennes, ça ne pardonne pas. Et toi, vêtu d’un habit et revenant d’une nuit d’amour, tu jetteras ton violon à tes pieds et tu t’écrouleras en sanglotant…
— Mon violon ? Pourquoi aurais-je un violon ?
— Il faut de la musique à un moment aussi triste.
— Tu as une imagination tropicale.
— On dit : baroque. Tous les romans et tous les films en Amérique du Sud sont baroques, en ce moment. Nous avons une très belle littérature et maintenant tu en fais partie. Je t’ai déjà écrit une dizaine de lettres que j’ai envoyées à mes amies à Rio pour qu’elles rêvent de toi. Tu vas être un amant légendaire au Brésil. J’ai des relations, tu sais. Je suis folle ?
— Non, Laura. Mais chez nous les enfants s’arrêtent de rêver beaucoup plus tôt, parce que notre lumière et nos champs ont le goût de la mesure. Nous manquons d’Amazonie.
— Ce n’est pas vrai, vous avez Victor Hugo.
Tu effleures mes lèvres du bout des doigts, souris, appuies ta tête contre ma joue et mon cou, et il doit y avoir d’autres façons de vivre, il faut que je me renseigne. De lent voiliers glissent vers des rivages paisibles et je guette leur douce et chaude navigation dans mes veines. Jamais mes bras ne se sentent plus forts que lorsqu’ils crèvent de tendresse autour de tes épaules. Il y a un monde, dit-on derrière les rideaux, une autre vie, dehors, mais c’est de la science-fiction. Le flot de minutes fait un détour et s’en va grignoter ailleurs.
— Laura…
— Oui ? Demandes-moi, c’est le moment, je connais maintenant la réponse à tout…
— Rien… Je voulais seulement prononcer ton nom.
Je n’ai jamais été un homme de plaisir mais un homme de sanctuaire. Lorsque je te serre très fort dans mes bras, ton corps me donne aide et protection. La vie attend pour me reprendre dans ses tourments que je cesse d’être intouchable. Il y a autour de nous comme une chrétienté enfin accomplie de tendresse, de pardon et de justice rendu, et ensuite, lorsque nos souffles se séparent et qu’il faut recommencé à vivre coupés en deux, il reste la connaissance heureuse du sanctuaire et une œuvre immatérielle faite de certitude de retour.
— Les vêpres siciliennes sont un opéra.
— … Mais ça sonne comme une maladie avec des plaques rouges et des vomissements. Monsieur, te dira le médecin, votre amie est atteinte de vêpres siciliennes, ça ne pardonne pas. Et toi, vêtu d’un habit et revenant d’une nuit d’amour, tu jetteras ton violon à tes pieds et tu t’écrouleras en sanglotant…
— Mon violon ? Pourquoi aurais-je un violon ?
— Il faut de la musique à un moment aussi triste.
— Tu as une imagination tropicale.
— On dit : baroque. Tous les romans et tous les films en Amérique du Sud sont baroques, en ce moment. Nous avons une très belle littérature et maintenant tu en fais partie. Je t’ai déjà écrit une dizaine de lettres que j’ai envoyées à mes amies à Rio pour qu’elles rêvent de toi. Tu vas être un amant légendaire au Brésil. J’ai des relations, tu sais. Je suis folle ?
— Non, Laura. Mais chez nous les enfants s’arrêtent de rêver beaucoup plus tôt, parce que notre lumière et nos champs ont le goût de la mesure. Nous manquons d’Amazonie.
— Ce n’est pas vrai, vous avez Victor Hugo.
Tu effleures mes lèvres du bout des doigts, souris, appuies ta tête contre ma joue et mon cou, et il doit y avoir d’autres façons de vivre, il faut que je me renseigne. De lent voiliers glissent vers des rivages paisibles et je guette leur douce et chaude navigation dans mes veines. Jamais mes bras ne se sentent plus forts que lorsqu’ils crèvent de tendresse autour de tes épaules. Il y a un monde, dit-on derrière les rideaux, une autre vie, dehors, mais c’est de la science-fiction. Le flot de minutes fait un détour et s’en va grignoter ailleurs.
— Laura…
— Oui ? Demandes-moi, c’est le moment, je connais maintenant la réponse à tout…
— Rien… Je voulais seulement prononcer ton nom.
Je n’ai jamais été un homme de plaisir mais un homme de sanctuaire. Lorsque je te serre très fort dans mes bras, ton corps me donne aide et protection. La vie attend pour me reprendre dans ses tourments que je cesse d’être intouchable. Il y a autour de nous comme une chrétienté enfin accomplie de tendresse, de pardon et de justice rendu, et ensuite, lorsque nos souffles se séparent et qu’il faut recommencé à vivre coupés en deux, il reste la connaissance heureuse du sanctuaire et une œuvre immatérielle faite de certitude de retour.
quotation
Tu vois, il me manquait ce truc anarchiste très pratique qui permet de trouver à ce qu’on est une accusation sociale. On transfère sa névrose sur la société, comme au XIXe siècle, les romantiques, la transféraient sur la métaphysique.
quotation
Une civilisation suspendue au-dessus de son propre vide comme le sourire du chat de Cheshire.
quotation
Un homme est venu faire ma caricature et c’était très… ressemblant.
caractère
Vas-y. Je souffre déjà d’un excès d’informations sur moi-même, alors, un peu plus, un peu moins. De toute façon, il n’est plus possible de s’ignorer, aujourd’hui. Il y a excès de visibilité. Entre Freud et Marx, on passe son temps à faire connaissance avec son « je… ». Mais si tu crois avoir des révélations à me faire.
quotation
— Venez. Vous ne pouvez pas rester seule à écouter cette flûte indienne à bout de souffle… Chez elle, dans les Andes, c’est compréhensible, il y a cinq mille mètres d’altitude, on ne respire pas, on ne fait qu’expirer… Mais pas rue Saint-Louis-en-l’Ile… Je sais bien que lorsqu’on ne se connaît pas, comme vous et moi, tout paraît possible… Moi aussi, j’ai assez vécu pour avoir appris à me méfier terriblement de ces espaces blancs où l’on peut écrire n’importe quoi… Vous pensez bien que je ne vais pas vous parler d’amour ni même d’amitié… seulement d’entraide… Nous avons besoin de… de divertissement, tous les deux… C’est ça, de divertissement… pour oublier…
amour
Viens plus près. Oui, je sais que tu ne peux pas : viens plus près quand même. Encore plus près… Là. Ça ne fait rien : on respirera après. Comme ça.
vie
[…] vivre est une prière que seul l’amour d’une femme peut exaucer.
humour
— Vous croyez trop à l’humour, dit-il. L’humour est une façon bourgeoise de défendre son confort et de ne rien changer aux réalités blessantes qui vous entourent. Je ne comprends d’ailleurs pas les écorchés : comment se fait-il encore qu’ils aient eu une peau avant ? L’ironie, l’humour, la dérision est une manière de se dérober à vos responsabilités sociales. C’est antimarxiste.
quotation
Vous êtes arrivé trop tard, mais tout à l’heure, il y avait une autre attraction. Un contorsionniste. Il se tordait contrairement à toutes les lois de la nature et parvenait à se lover dans une boîte à chapeau. On vit, quoi.
quotation
— Vous êtes saoul de malheur. Qu’est-ce que vous avez fait ?
— … Je n’ai pas pu partir. Je lui avais promis de partir loin, pour ne pas être tenté de courir là-bas et… Je n’ai pas pu. Je suis ce qu’on appelle un faible, et chez nous, les faibles, lorsqu’on aime une femme, ça devient d’une telle… force que… lorsqu’elle est obligée de mourir pour des raisons… techniques, oui, des raisons d’organes assez abominables… parce qu’on s’en est aperçu trop tard et… Je vous disais, je crois, que chez nous, les faibles, l’amour, les séparations définitives, indépendantes de notre volonté, ces véritables abus de pouvoir… prennent des dimensions effrayantes de… de tendresse. Je pense que vous êtes peut-être une femme forte, je ne sais pas, je ne vous connais pas, alors, excusez-moi de vous avoir dérangée. Je ne puis, madame – remarquez encore une fois que je vous dis « madame », pour bien marquer que nous nous sommes étrangers – je ne puis, madame, que me réclamer de la faiblesse, parce que la force, madame, je pense qu’elle n’est pas du côté des faibles – vous noterez que je viens de faire là un bon mot, et que je ne suis pas sans ironie ni donc sans ressources…
Un silence. Je crus qu’elle avait raccroché. Une femme forte. Puis j’entendis sa voix :
— Où êtes-vous ?
— … Je n’ai pas pu partir. Je lui avais promis de partir loin, pour ne pas être tenté de courir là-bas et… Je n’ai pas pu. Je suis ce qu’on appelle un faible, et chez nous, les faibles, lorsqu’on aime une femme, ça devient d’une telle… force que… lorsqu’elle est obligée de mourir pour des raisons… techniques, oui, des raisons d’organes assez abominables… parce qu’on s’en est aperçu trop tard et… Je vous disais, je crois, que chez nous, les faibles, l’amour, les séparations définitives, indépendantes de notre volonté, ces véritables abus de pouvoir… prennent des dimensions effrayantes de… de tendresse. Je pense que vous êtes peut-être une femme forte, je ne sais pas, je ne vous connais pas, alors, excusez-moi de vous avoir dérangée. Je ne puis, madame – remarquez encore une fois que je vous dis « madame », pour bien marquer que nous nous sommes étrangers – je ne puis, madame, que me réclamer de la faiblesse, parce que la force, madame, je pense qu’elle n’est pas du côté des faibles – vous noterez que je viens de faire là un bon mot, et que je ne suis pas sans ironie ni donc sans ressources…
Un silence. Je crus qu’elle avait raccroché. Une femme forte. Puis j’entendis sa voix :
— Où êtes-vous ?
amour
Vous l’aimez, mon petit Willie, et elle ne vous aime pas. C’est d’ailleurs ça, le grand amour : quand on est seul à aimer. Lorsqu’on s’entr’aime, c’est coupé en deux, ça ne pèse plus rien. Les gens qui s’entr’aiment ne connaissent rien à l’amour.
personnage
Dès les prémices de son œuvre philosophique, Nietzsche avait donc abouti à une impasse : d’un côté, il lui était impossible de communiquer avec ses lecteurs sans se servir de mots ; de l’autre, il estimait que les mots ne sont pas fiables. Quelle solution lui restait-il ? Il comprit que le procédé consistant à s’exprimer à travers un personnage présentait l’avantage de forcer les lecteurs à y réfléchir à deux fois avant de décider s’il convenait de croire ou non que lui-même croyait ou ne croyait pas aux dires du personnage en question.
vérité
Quelle est la valeur du vouloir de vérité ? Pourquoi ne préférerions-nous pas la non-vérité, ou l’incertitude, ou l’ignorance ? La réponse, dit-il, réside dans nos actes : notre instinct de conservation nous apprend à être superficiels.
amitié
Il n’y a pas de plaisir comparable à celui de rencontrer un vieil ami, excepté peut-être celui d’en faire un nouveau.
écriture
Le premier sot venu peut écrire. Le premier sot venu sur deux peut faire de la critique littéraire.
insulte
La seule manière élégante de réagir à une insulte, c’est de l’ignorer ; si vous ne pouvez l’ignorer, surmontez-la ; si vous ne pouvez la surmonter, riez-en ; si vous ne pouvez en rire, c’est sans doute que vous la méritez.
démocratie
La pire des démocraties est de beaucoup préférable à la meilleure des dictatures.
liberté
I disapprove of what you say, but I will defend to the death your right to say it.
Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’au bout pour que vous puissiez le dire.
mensonge
À un menteur invétéré, la vérité apparaît comme une espèce de fiction.
réflexion
Ce qui ne tolère pas la plaisanterie supporte mal la réflexion.
vérité
Ce qui, probablement, fausse tout dans la vie, c’est qu’on est convaincu qu’on dit la vérité parce qu’on dit ce qu’on pense.
femme
Elles ont un redoutable avantage sur nous : elles peuvent faire semblant – nous, pas.