OPiCitations
caractère
Ce que le public te reproche, cultive-le, c’est toi.
vieillesse
Ce qu’il y a de terrible avec la vieillesse, c’est qu’on reste jeune.
quotation
Courir plus vite que la beauté.
action
De temps en temps, il faut se reposer de ne rien faire.
écriture
Écrire est un acte d’amour. S’il ne l’est pas, il n’est qu’écriture.
existence
En fin de compte, tout s’arrange, sauf la difficulté d’être, qui ne s’arrange pas.
poésie
Et, peut-être, au lieu d’envisager la poésie comme une énigme, si je l’envisageais comme une science, trouverai-je des termes moins vagues, moins inaptes à en dessiner le contour. Car la poésie est une science exacte et la science une poésie. C’est même un signe de notre âge qu’il soit difficile d’épouser l’une de ces sœurs siamoises sans épouser l’autre.
poésie
Faites semblant de pleurer, mes amis, puisque les poètes ne font que semblant d’être morts.
quotation
Heurtebise
Primo : vous êtes accusé d’innocence, c’est-à-dire d’atteinte à la justice en étant capable et coupable de tous les crimes, au lieu de l’être d’un seul, apte à tomber sous le coup d’une peine précise de notre juridiction. Secundo : vous êtes accusé de vouloir sans cesse pénétrer en fraude dans un monde qui n’est pas le vôtre. Plaidez-vous coupable ou non coupable ?
le poète
Je plaide coupable dans le premier et le second cas. J’avoue être cerné par la menace des fautes que je n’ai pas commises et j’avoue avoir souvent voulu sauter le quatrième mur mystérieux sur lequel les hommes écrivent leurs amours et leurs rêves.
la princesse
Pourquoi ?
le poète
Sans doute par fatigue du monde que j’habite et par horreur des habitudes. Aussi par cette désobéissance que l’audace oppose aux règles et par cet esprit de création qui est la plus haute forme de l’esprit de contradiction… propre aux humains.
la princesse
Si je ne me trompe, vous faites de la désobéissance un sacerdoce ?
le poète
Sans elle, que feraient les enfants, les héros, les artistes ?
Heurtebise
Ils ne compteraient que sur leur bonne étoile.
la princesse
Nous ne sommes pas ici pour assister à des joutes oratoires.
Primo : vous êtes accusé d’innocence, c’est-à-dire d’atteinte à la justice en étant capable et coupable de tous les crimes, au lieu de l’être d’un seul, apte à tomber sous le coup d’une peine précise de notre juridiction. Secundo : vous êtes accusé de vouloir sans cesse pénétrer en fraude dans un monde qui n’est pas le vôtre. Plaidez-vous coupable ou non coupable ?
le poète
Je plaide coupable dans le premier et le second cas. J’avoue être cerné par la menace des fautes que je n’ai pas commises et j’avoue avoir souvent voulu sauter le quatrième mur mystérieux sur lequel les hommes écrivent leurs amours et leurs rêves.
la princesse
Pourquoi ?
le poète
Sans doute par fatigue du monde que j’habite et par horreur des habitudes. Aussi par cette désobéissance que l’audace oppose aux règles et par cet esprit de création qui est la plus haute forme de l’esprit de contradiction… propre aux humains.
la princesse
Si je ne me trompe, vous faites de la désobéissance un sacerdoce ?
le poète
Sans elle, que feraient les enfants, les héros, les artistes ?
Heurtebise
Ils ne compteraient que sur leur bonne étoile.
la princesse
Nous ne sommes pas ici pour assister à des joutes oratoires.
succès
Il faut croire en la chance. Sinon comment expliquer le succès de ceux qu’on aime pas.
artiste
Jadis l’artiste était entouré d’une conspiration du silence. L’artiste moderne est entouré par une conspiration du bruit.
animaux
Je préfère les chats aux chiens. Parce qu’il n’y a pas de chats policiers.
académie
L’Académie française est la seule institution où l’on remplace un mort par un fauteuil.
jugement
La critique compare toujours. L’incomparable lui échappe.
célébrité
La gloire anthume ne doit servir qu’à une seule chose : après notre mort, permettre à notre œuvre de débuter avec un nom.
gloire
La gloire résulte d’un attroupement.
jeunesse
La jeunesse est une acquisition de l’âge mûr.
lettre
La lettre anonyme est un genre épistolaire. Je n’en ai jamais reçu qu’une et elle était signée.
quotation
la princesse
Avez-vous écrit : « Ce corps qui nous contient ne connaît pas les nôtres. Qui nous habite est habité. Et ces corps les uns dans les autres sont le corps de l’éternité.
le poète
Je reconnais l’avoir écrit.
la princesse
Et de qui tenez-vous ces choses ?
le poète
Quelles choses ?
la princesse
Les choses que vous dites dans cette langue ni vivante ni morte ?
le poète
De personne.
la princesse
Vous mentez !
le poète
Je vous l’accorde si vous admettez comme moi que nous sommes les serviteurs d’une force inconnue qui nous habite, nous manœuvre et nous dicte cette langue.
Heurtebise
Il n’est pas impossible qu’il soit idiot…
la princesse
Les intellectuels sont moins à craindre.
le poète
Mascarille et Leporello se firent passer pour leurs maîtres. Le poète leur ressemble un peu.
la princesse
Cessez votre bavardage et ne parlez que si je m’adresse à vous.
le poète
Je m’expliquais en toute humilité.
Heurtebise
On ne vous demande ni d’être humble ni d’être superbe. On vous demande de répondre lorsqu’on vous interroge. Un point c’est tout. N’oubliez pas que vous êtes un amalgame nocturne de cavernes, de forêts, de marécages, de fleuves rouges, amalgame peuplé par des bêtes gigantesques et fabuleuses qui s’entre-dévorent. Il n’y a pas de quoi faire le mariole.
Avez-vous écrit : « Ce corps qui nous contient ne connaît pas les nôtres. Qui nous habite est habité. Et ces corps les uns dans les autres sont le corps de l’éternité.
le poète
Je reconnais l’avoir écrit.
la princesse
Et de qui tenez-vous ces choses ?
le poète
Quelles choses ?
la princesse
Les choses que vous dites dans cette langue ni vivante ni morte ?
le poète
De personne.
la princesse
Vous mentez !
le poète
Je vous l’accorde si vous admettez comme moi que nous sommes les serviteurs d’une force inconnue qui nous habite, nous manœuvre et nous dicte cette langue.
Heurtebise
Il n’est pas impossible qu’il soit idiot…
la princesse
Les intellectuels sont moins à craindre.
le poète
Mascarille et Leporello se firent passer pour leurs maîtres. Le poète leur ressemble un peu.
la princesse
Cessez votre bavardage et ne parlez que si je m’adresse à vous.
le poète
Je m’expliquais en toute humilité.
Heurtebise
On ne vous demande ni d’être humble ni d’être superbe. On vous demande de répondre lorsqu’on vous interroge. Un point c’est tout. N’oubliez pas que vous êtes un amalgame nocturne de cavernes, de forêts, de marécages, de fleuves rouges, amalgame peuplé par des bêtes gigantesques et fabuleuses qui s’entre-dévorent. Il n’y a pas de quoi faire le mariole.
quotation
la princesse
En désorganisant par orgueil des mesures (même maladroites) prises à la longue par votre monde contre son désordre originel, les hommes risquent fort de rompre une chaîne pour se donner l’illusion d’un progrès.
le professeur
Madame ! Vous condamnez là toute la science !
Heurtebise
Ce que vous appelez science. Car il en est une de l’âme dont les hommes s’inquiètent fort peu.
En désorganisant par orgueil des mesures (même maladroites) prises à la longue par votre monde contre son désordre originel, les hommes risquent fort de rompre une chaîne pour se donner l’illusion d’un progrès.
le professeur
Madame ! Vous condamnez là toute la science !
Heurtebise
Ce que vous appelez science. Car il en est une de l’âme dont les hommes s’inquiètent fort peu.
quotation
la princesse
Que pourriez-vous me dire s’il vous fallait défendre cet homme ?
le professeur
Qu’il est un poète, c’est-à-dire, qu’il est indispensable, bien que je ne sache pas à quoi. Puis-je, madame, vous interroger à mon tour ?
la princesse
Nous verrons si j’ai congé de vous répondre.
le professeur
Simple curiosité d’un homme de science. Voilà : quelle heure est-il ?
Heurtebise
Aucune, professeur. Aucune. Continuez à dormir. Vous êtes libre.
le professeur
Merci. J’éprouve… comme une difficulté d’être… une manière de fatigue… Il me semble…
Heurtebise
Dormez… dormez, professeur. Je le veux.
le professeur
Merci. Madame… je vous présente mes hommages. Je dors.
la princesse
Bonne nuit. Je n’ignore pas que les détours de votre itinéraire sont une sorte de labyrinthe fort éloigné du nôtre, bien qu’il s’y mélange et que, s’il vous a été possible de découvrir la seule personne apte à corriger vos erreurs et votre désobéissance aux lois terrestres cet acte ne bénéficiait pas d’une distraction de l’inconnu, mais d’une sorte d’indulgence suprême dont il vous arrive, cher monsieur, d’abuser, et qui pourrait bien vous manquer un jour. Seulement, si je déborde ici mes prérogatives, c’est que je tenais à vous mettre en garde, avant de consulter votre guide sur la limite de ses privilèges et de ses responsabilités.
le poète
J’ai peine à vous comprendre.
Heurtebise
On ne vous demande pas de comprendre.
la princesse
Ne jouez pas les nigauds de village. Il me semble, à moi, que vous comprenez à merveille et que vous trouvez bon de faire l’imbécile plutôt que de passer aux aveux.
le poète
Mais, madame…
Heurtebise
Silence. Vous devriez vous féliciter de la mansuétude incroyable dont le tribunal préventif fait preuve à votre égard.
Que pourriez-vous me dire s’il vous fallait défendre cet homme ?
le professeur
Qu’il est un poète, c’est-à-dire, qu’il est indispensable, bien que je ne sache pas à quoi. Puis-je, madame, vous interroger à mon tour ?
la princesse
Nous verrons si j’ai congé de vous répondre.
le professeur
Simple curiosité d’un homme de science. Voilà : quelle heure est-il ?
Heurtebise
Aucune, professeur. Aucune. Continuez à dormir. Vous êtes libre.
le professeur
Merci. J’éprouve… comme une difficulté d’être… une manière de fatigue… Il me semble…
Heurtebise
Dormez… dormez, professeur. Je le veux.
le professeur
Merci. Madame… je vous présente mes hommages. Je dors.
la princesse
Bonne nuit. Je n’ignore pas que les détours de votre itinéraire sont une sorte de labyrinthe fort éloigné du nôtre, bien qu’il s’y mélange et que, s’il vous a été possible de découvrir la seule personne apte à corriger vos erreurs et votre désobéissance aux lois terrestres cet acte ne bénéficiait pas d’une distraction de l’inconnu, mais d’une sorte d’indulgence suprême dont il vous arrive, cher monsieur, d’abuser, et qui pourrait bien vous manquer un jour. Seulement, si je déborde ici mes prérogatives, c’est que je tenais à vous mettre en garde, avant de consulter votre guide sur la limite de ses privilèges et de ses responsabilités.
le poète
J’ai peine à vous comprendre.
Heurtebise
On ne vous demande pas de comprendre.
la princesse
Ne jouez pas les nigauds de village. Il me semble, à moi, que vous comprenez à merveille et que vous trouvez bon de faire l’imbécile plutôt que de passer aux aveux.
le poète
Mais, madame…
Heurtebise
Silence. Vous devriez vous féliciter de la mansuétude incroyable dont le tribunal préventif fait preuve à votre égard.
art
L’art consacre le meurtre d’une habitude. L’artiste se charge de lui tordre le cou.
art
L’art ne vaut à mes yeux que s’il est la projection d’une morale.
superstition
La superstition est l’art de se mettre en règle avec les coïncidences.
pionnier
L’avenir n’appartient à personne. Il n’y a pas de précurseurs, il n’existe que des retardataires.
vérité
La vérité est un luxe de paresseux.
quotation
la voix du professeur
[…] Mais dites-moi, cher monsieur, d’homme à homme, suis-je mort en votre présence ?
le poète
Excusez-moi, professeur, j’ai une très mauvaise mémoire de l’avenir.
[…] Mais dites-moi, cher monsieur, d’homme à homme, suis-je mort en votre présence ?
le poète
Excusez-moi, professeur, j’ai une très mauvaise mémoire de l’avenir.
génie
Le génie ne se pèse pas sur des balances. Il est une grâce. Bien des êtres en cherchent le secret comme l’alchimiste celui de l’or. D’autres le possèdent sans le savoir et ne s’en croiraient pas dignes.
quotation
le poète
À quoi donc vous avait-on condamnés ?
Heurtebise
À juger les autres. À être des juges.
Cégeste
Pas drôle…
le poète
Cégeste, cette commission rogatoire me semble bien suspecte. Nos œuvre ne songent qu’à tuer père et mère en notre personne et à prendre le large. Mais les créatures de notre esprit restent curieuses de leurs origines… Je me demande…
Cégeste
Ne vous demandez rien. C’est préférable.
le poète
Je me demande… si toi-même…
Cégeste
C’est possible. Parfois je vous reproche de m’avoir abandonné dans la zone des ombres. Parfois je me félicite de vivre en dehors du monde absurde où j’ai vécu. Malgré mes révoltes, j’aimerais vous sauver de l’impasse où vous êtes. Seulement, si la zone ignore l’hier, l’aujourd’hui, le demain, votre condition humaine y est soumise et, pour atteindre mon but, je dois vous guider ou plutôt vous suivre à travers des épreuves inévitables au bout desquelles j’obtiendrai seulement ce que je veux.
À quoi donc vous avait-on condamnés ?
Heurtebise
À juger les autres. À être des juges.
Cégeste
Pas drôle…
le poète
Cégeste, cette commission rogatoire me semble bien suspecte. Nos œuvre ne songent qu’à tuer père et mère en notre personne et à prendre le large. Mais les créatures de notre esprit restent curieuses de leurs origines… Je me demande…
Cégeste
Ne vous demandez rien. C’est préférable.
le poète
Je me demande… si toi-même…
Cégeste
C’est possible. Parfois je vous reproche de m’avoir abandonné dans la zone des ombres. Parfois je me félicite de vivre en dehors du monde absurde où j’ai vécu. Malgré mes révoltes, j’aimerais vous sauver de l’impasse où vous êtes. Seulement, si la zone ignore l’hier, l’aujourd’hui, le demain, votre condition humaine y est soumise et, pour atteindre mon but, je dois vous guider ou plutôt vous suivre à travers des épreuves inévitables au bout desquelles j’obtiendrai seulement ce que je veux.
quotation
le poète
Disparaître n’est cependant pas commode.
Heurtebise
Pas davantage, pas davantage que le phénomène qui oblige les hommes qui aiment à s’annuler en face de l’objet de leur amour.
la princesse
Vous perdez la tête !
Heurtebise
Pardon. Il m’arrive aussi d’être dans la lune.
la princesse
Je vous conseille de ne pas plaisanter sottement et lourdement avec des choses qui risquent d’éclairer les hommes sur la vanité de leurs entreprises.
Disparaître n’est cependant pas commode.
Heurtebise
Pas davantage, pas davantage que le phénomène qui oblige les hommes qui aiment à s’annuler en face de l’objet de leur amour.
la princesse
Vous perdez la tête !
Heurtebise
Pardon. Il m’arrive aussi d’être dans la lune.
la princesse
Je vous conseille de ne pas plaisanter sottement et lourdement avec des choses qui risquent d’éclairer les hommes sur la vanité de leurs entreprises.
quotation
le poète
Je donnerais n’importe quoi pour fouler de nouveau le vieux plancher des vaches et ne pas me perdre dans la pénombre d’un drôle d’univers.
la princesse
Ceci n’est point de notre ressort. Le tribunal appréciera. La commission rogatoire vous condamne préventivement à la peine de vivre.
Heurtebise
Le minimum. Surtout à votre âge.
Je donnerais n’importe quoi pour fouler de nouveau le vieux plancher des vaches et ne pas me perdre dans la pénombre d’un drôle d’univers.
la princesse
Ceci n’est point de notre ressort. Le tribunal appréciera. La commission rogatoire vous condamne préventivement à la peine de vivre.
Heurtebise
Le minimum. Surtout à votre âge.
poésie
le poète
Un film est une source pétrifiante de la pensée. Un film ressuscite les actes morts. Un film permet de donner l’apparence de la réalité à l’irréel.
la princesse
Et qu’appelez-vous l’irréel ?
le poète
Ce qui déborde nos pauvres limites.
Heurtebise
Il existerait en somme chez vous des individus pareils à un infirme endormi, sans bras ni jambes, rêvant qu’il gesticule et qu’il court.
le poète
Vous donnez là une excellente définition du poète.
la princesse
Qu’entendez-vous par poète ?
le poète
Le poète, en composant des poèmes, use d’une langue ni vivante ni morte que peu de personnes parlent et que peu de personnes entendent.
la princesse
Et pourquoi ces personnes parlent-elles cette langue ?
le poète
Pour rencontrer leurs compatriotes dans un monde où, trop souvent, l’exhibitionnisme, qui consiste à montrer son âme toute nue, s’exerce chez les aveugles.
Un film est une source pétrifiante de la pensée. Un film ressuscite les actes morts. Un film permet de donner l’apparence de la réalité à l’irréel.
la princesse
Et qu’appelez-vous l’irréel ?
le poète
Ce qui déborde nos pauvres limites.
Heurtebise
Il existerait en somme chez vous des individus pareils à un infirme endormi, sans bras ni jambes, rêvant qu’il gesticule et qu’il court.
le poète
Vous donnez là une excellente définition du poète.
la princesse
Qu’entendez-vous par poète ?
le poète
Le poète, en composant des poèmes, use d’une langue ni vivante ni morte que peu de personnes parlent et que peu de personnes entendent.
la princesse
Et pourquoi ces personnes parlent-elles cette langue ?
le poète
Pour rencontrer leurs compatriotes dans un monde où, trop souvent, l’exhibitionnisme, qui consiste à montrer son âme toute nue, s’exerce chez les aveugles.
cinéma
Le privilège du cinématographe c’est qu’il permet à un grand nombre de personnes de rêver ensemble le même rêve et de montrer en outre, avec la rigueur du réalisme, les phantasmes de l’irréalité. Bref, c’est un admirable véhicule de poésie. Mon film n’est pas autre chose qu’une séance de strip-tease, consistant à ôter peu à peu mon corps et à montrer mon âme toute nue. Car il existe un considérable public de l’ombre, affamé de ce plus vrai que le vrai qui sera un jour le signe de notre époque. Voici le legs d’un poète aux jeunesses successives qui l’ont toujours soutenu.
quotation
le professeur
Où suis-je ?
Heurtebise
Professeur, voilà une phrase indigne d’un homme de science. C’est la phrase d’une jolie femme qui fait semblant de se trouver mal et de revenir à elle.
le professeur
J’étais au lit… je dormais…
la princesse
Vous êtes au lit, professeur, vous dormez. Seulement, vous ne nous rêvez pas. Vous occupez un de ces replis du temps dont vous avez fait votre étude. Étude qui honore votre intelligence mais que notre règne n’approuve guère. Vous allez vous réveiller et vous vous souviendrez de nous comme si nous étions des personnages de votre rêve.
Où suis-je ?
Heurtebise
Professeur, voilà une phrase indigne d’un homme de science. C’est la phrase d’une jolie femme qui fait semblant de se trouver mal et de revenir à elle.
le professeur
J’étais au lit… je dormais…
la princesse
Vous êtes au lit, professeur, vous dormez. Seulement, vous ne nous rêvez pas. Vous occupez un de ces replis du temps dont vous avez fait votre étude. Étude qui honore votre intelligence mais que notre règne n’approuve guère. Vous allez vous réveiller et vous vous souviendrez de nous comme si nous étions des personnages de votre rêve.
critique
Les critiques jugent les œuvres et ne savent pas qu’ils sont jugés par elles.
miroir
Les miroirs feraient bien de réfléchir un peu plus avant de renvoyer les images.
sommeil
Le sommeil n’est plus un lieu sûr.
audace
Le tact dans l’audace c’est de savoir jusqu’où on peut aller trop loin.
temps
Le temps est un phénomène de perspective.
quotation
Perdre l’enfance, c’est perdre tout. C’est douter. C’est regarder les choses à travers une brume déformante de préjugés, de scepticisme.
vieillesse
Plus notre gâteau d’anniversaire porte de bougie, moins nous avons de souffle pour les éteindre.
quotation
Puisque ces mystères nous dépassent, feignons d’en être l’organisateur.
masque
Qui se masque se démasque.
quotation
Trouver d’abord, chercher ensuite.
livre
Un beau livre, c’est celui qui sème à foison les points d’interrogations.
livre
Un chef-d’œuvre de littérature n’est jamais qu’un dictionnaire en désordre.
jugement
Un étranger, qui juge notre caractère d’après notre œuvre, nous juge mieux que notre entourage, qui juge notre œuvre d’après nous.
écriture
Un jour, un de nos écrivains à qui je reprochais d’écrire des livres à succès et de ne jamais s’écrire, me conduisit devant une glace. « Je veux être fort, dit-il. Regardez-vous. Je veux manger. Je veux voyager. Je veux vivre. Je ne veux pas devenir un stylographe. »
superstition
Venez à mon secours, astres de ma naissance. J’ai perdu le secret des lignes de la main.
mort
Vivre me déroute plus que mourir.
quotation
Voilà les questions qui recommencent. Il est probable qu’il va d’où vous venez et que vous allez d’où il vient. Vous passez votre temps à vous efforcer d’être, c’est ce qui vous empêche de vivre. Allez, hop ! Les dieux n’aiment pas attendre.