la princesse
Avez-vous écrit : « Ce corps qui nous contient ne connaît pas les nôtres. Qui nous habite est habité. Et ces corps les uns dans les autres sont le corps de l’éternité.
le poète
Je reconnais l’avoir écrit.
la princesse
Et de qui tenez-vous ces choses ?
le poète
Quelles choses ?
la princesse
Les choses que vous dites dans cette langue ni vivante ni morte ?
le poète
De personne.
la princesse
Vous mentez !
le poète
Je vous l’accorde si vous admettez comme moi que nous sommes les serviteurs d’une force inconnue qui nous habite, nous manœuvre et nous dicte cette langue.
Heurtebise
Il n’est pas impossible qu’il soit idiot…
la princesse
Les intellectuels sont moins à craindre.
le poète
Mascarille et Leporello se firent passer pour leurs maîtres. Le poète leur ressemble un peu.
la princesse
Cessez votre bavardage et ne parlez que si je m’adresse à vous.
le poète
Je m’expliquais en toute humilité.
Heurtebise
On ne vous demande ni d’être humble ni d’être superbe. On vous demande de répondre lorsqu’on vous interroge. Un point c’est tout. N’oubliez pas que vous êtes un amalgame nocturne de cavernes, de forêts, de marécages, de fleuves rouges, amalgame peuplé par des bêtes gigantesques et fabuleuses qui s’entre-dévorent. Il n’y a pas de quoi faire le mariole.