OPiCitations
Dieu
Après, je n’ai pas fabriqué de croix, je n’ai récité aucune prière. Dieu de merde, me disais-je, Dieu de merde, je ne te donnerai pas cette satisfaction.
vérité
« Bien sûr qu’il disait la vérité, affirma-t-elle. Les faits n’étaient peut-être pas exacts, mais il disait la vérité.
mort
Ceci est tout à fait inhabituel, dit-il. Aucun cas n’est habituel, répondis-je. Toute mort est unique.
sentiment
— Ce n’est pas ta faute. Ce qu’on ressent, on n’y peut rien. Personne n’y peut rien.
quotation
C’est un enchaînement de connexions manquantes ou mal synchronisées, de tâtonnements dans l’obscurité. Nous nous trouvions toujours au bon endroit au mauvais moment, nous nous manquions toujours à peine, toujours à quelques millimètres de comprendre la situation dans son ensemble. Cette histoire se résume ainsi, je pense. Une série d’occasions ratées. Tous les morceaux se trouvaient là depuis le début, mais personne n’a su les rassembler.
quotation
« C’était ça, le problème. Le pays est trop vaste, là-bas, et après quelque temps il commence à vous dévorer. Je suis arrivé à un point où je ne pouvais plus l’encaisser. Tout ce foutu silence, tout ce vide. On s’efforce d’y trouver des repères, mais c’est trop grand, les dimensions sont trop monstrueuses et finalement, je ne sais pas comment on pourrait dire, finalement cela cesse d’être là. Il n’y a plus ni monde, ni pays, ni rien. Ça fait cet effet-là, Fogg, à la fin tout est imaginaire. Le seul lieu où vous existiez est votre propre tête.
silence
C’était inhumain. Le vent soufflait avec une violence telle qu’on ne s’entendait plus penser, et puis il s’arrêtait tout d’un coup, et l’air devenait si immobile qu’on se demandait si on n’était pas devenu sourd. Un silence surnaturel, Fogg. La seule chose qu’on perçût encore, c’était les battements de son cœur, le bruit du sang circulant dans son cerveau.
imagination
C’était l’imagination sous sa forme la plus pure : l’art de donner vie à ce qui n’existe pas, de persuader les autres d’accepter un monde qui n’est pas vraiment là.
attente
Chaque journée débutait par la même descente rituelle à la boîte aux lettres, et chaque fois qu’il sortait de l’immeuble ou y rentrait, il ouvrait et refermait la boîte vide avec la même obsession. Ce pouvait être n’importe quelle heure, jusqu’à deux ou trois heures du matin, quand il n’y avait aucune chance au monde que quelque chose de nouveau soit arrivé.
conversation
Comme me l’avait un jour lointain expliqué oncle Victor, une conversation ressemble à un échange de balles. Un bon partenaire vous envoie la balle droit dans le gant, de sorte qu’il vous est presque impossible de la rater ; quand c’est à lui de recevoir, il rattrape tout ce qui arrive de son côté, même les coups les plus erratiques et les plus incompétents. C’est ainsi que faisait Kitty. […] Elle me faisait paraître meilleur que je n’étais et cela me donnait confiance, et m’aidait ensuite à lui envoyer des balles moins difficiles à recevoir. En d’autres mots, je commençai à lui parler à elle, plutôt qu’à moi-même, et le plaisir en était plus grand que tout ce que j’avais connu depuis longtemps.
réflexion
Et si on n’a pas conscience d’avoir une pensée, est-il légitime de dire qu’on pense ?
art
Il découvrit que le vrai but de l’art n’était pas de créer de beaux objets. C’était une méthode de réflexion, un moyen d’appréhender l’univers et d’y trouver sa place, et les éventuelles qualités esthétiques que pouvait offrir une toile individuelle n’étaient que le sous-produit presque accidentel de l’effort accompli pour s’engager dans cette quête, pour pénétrer au cœur des choses.
caractère
[…], il était d’autant plus difficile qu’il ne l’était pas tout le temps, […]
dispersion
Il était de ces gens qui, lorsqu’ils sont occupés à une chose, rêvent toujours à une autre ; il était incapable de s’asseoir pour répéter un morceau sans s’interrompre afin de réfléchir à un problème d’échecs, de jouer aux échecs sans songer aux faiblesses des Chicago Cubs, de se rendre au stade sans méditer sur quelque personnage mineur dans Shakespeare et puis, enfin rentré chez lui, de s’installer avec un livre pendant plus de vingt minutes sans ressentir une envie urgente de jouer de sa clarinette. Où qu’il eût été, où qu’il allât, la trace qu’il laissait derrière lui restait parsemée de coups maladroits aux échecs, de pronostics non réalisés et de livres à demi lus.
solitude
Il était descendu dans la solitude à une telle profondeur qu’il n’avait plus besoin de distractions. Bien que cela lui parût presque inimaginable, le monde petit à petit lui était devenu suffisant.
coïncidence
Il n’y a pas de coïncidences. L’usage de ce mot est l’apanage des ignorants.
quotation
Il y avait quelque chose de rassurant à discuter de sujets aussi intimes de cette manière – comme si j’avais eu affaire à un comptable ou à un garagiste.
mort
[…] j’ai compris que je ne vivrais pas éternellement. Il faut longtemps pour apprendre ça, mais, une fois qu’on le découvre, le changement intérieur est complet, on ne peut plus jamais redevenir tel qu’on était.
quotation
J’avais cru agir avec courage, mais il s’avérait que j’avais seulement fait preuve de la forme la plus abjecte de lâcheté : je m’étais complu dans mon mépris du monde en refusant de regarder la réalité en face.
amour
J’avais sauté du haut d’une falaise, et puis, juste au moment où j’allais m’écraser en bas, il s’est passé un événement extraordinaire : j’ai appris que des gens m’aimaient. […] Quelque chose que je définis comme l’amour. C’est la seule force qui peut stopper un homme dans sa chute, la seule qui soit assez puissante pour nier les lois de la gravité.
conversation
Je considérai cette question comme rhétorique, et évitai de le contredire.
violence
Je menace qui je veux, m’a-t-il dit, et soudain il s’est mis à sourire, d’un large sourire d’idiot, ravi du pouvoir qu’il avait sur moi. Sans défense, a-t-il répété.
quotation
Je voulais devenir un saint, un saint sans dieu qui irait de par le monde accomplir de bonnes actions. Si absurde que cela me paraisse aujourd’hui, je crois que c’est exactement ce que je voulais. J’avais un besoin désespéré de certitude, et j’étais prêt à n’importe quoi pour trouver.
manque
Kitty était pour moi la seule personne réelle, et son absence était si tangible, d’une insistance si accablante, que je ne pouvais penser à rien d’autre. Chaque nuit débutait avec la même douleur dans mon corps, le même besoin étouffant, lancinant, de me retrouver en contact avec elle, et avant d’avoir pu discerner ce qui m’arrivait, je ressentais les mêmes assauts sous la surface de ma peau, comme si les tissus qui me tenaient ensemble avaient été sur le point d’éclater. C’était l’état de manque dans sa forme la plus soudaine.
corps
Kitty n’avait pas peur d’elle-même, elle vivait avec son corps sans embarras ni arrière-pensée. Cela avait peut-être à voir avec sa profession de danseuse, mais il est plus vraisemblable que c’était le contraire. Parce qu’elle se plaisait dans son corps, elle pouvait danser.
coïncidence
La correspondance entre ces événements me paraissait chargée de signification, mais j’avais du mal à en saisir le sens. C’était comme si j’avais deviné un appel de mon destin et que, dès l’instant où j’essayais de l’entendre, je m’apercevais qu’il s’exprimait dans un langage inintelligible.
danse
La danse m’était totalement étrangère, elle se situait au-delà du domaine des mots, et je n’avais d’autre possibilité que de rester assis en silence, abandonné à la contemplation.
écriture
La principale préoccupation de Zimmer dans la vie était d’écrire de la poésie, et il y passait de longues heures laborieuses, à travailler chaque mot comme si le sort du monde en eût dépendu – ce qui est certainement la seule façon raisonnable de procéder.
écriture
L’écriture est sûrement une maladie. On écrit pour combler un manque, parce que quelque chose ne va pas.
écriture
L’écriture ne guérit jamais rien. Il est impossible, ou si rarement, de trouver des réponses aux choses.
quotation
[…] le dedans et le dehors ne peuvent pas être séparés sans causer de grands dommages à la vérité.
bibliothèque
Les bibliothèques ne sont pas le monde réel, après tout. Ce sont des lieux à part, des sanctuaires de la pensée pure. Comme ça je pourrai continuer à vivre dans la lune pour le restant de mes jours.
lecture
Les livres doivent être lus avec autant de considération et de réserve qu’on a mis à les écrire.
métro
Les livres étaient bientôt devenus son refuge, un lieu où il pouvait se tenir dissimulé – non seulement aux yeux des autres mais aussi à ses propres pensées.
réalité
[…] l’esprit ne peut pas vaincre la matière, car sitôt qu’il se trouve sollicité exagérément, il se révèle lui aussi fait de matière. Pour m’élever au-dessus des conditions de mon existence, il me fallait me convaincre que je n’étais plus réel, avec pour résultat que toute réalité devenait pour moi incertaine.
bêtise
L’idée a paru lui plaire mais, comme la plupart des gens stupides, il avait trop bonne opinion de sa propre intelligence.
quotation
— Mais je travaille. Je me lève le matin comme tout le monde, et puis je m’applique à essayer de vivre encore toute une journée. C’est un travail à temps plein. Pas de pause café, pas de week-ends, pas de bonus ni de congés. Je ne me plains pas, remarquez, mais le salaire est plutôt bas.
file
Marcher dans une foule signifie ne jamais aller plus vite que les autres, ne jamais traîner la jambe, ne jamais rien faire qui risque de déranger l’allure du flot humain.
mort
« N’aie pas peur, disait ma voix. Personne n’est autorisé à mourir plus d’une fois. La comédie sera bientôt terminée, et plus jamais tu n’auras à repasser par là. »
quotation
« Nos vies sont déterminées par de multiples contingences, déclarai-je, en essayant d’être aussi succinct que possible, et nous luttons chaque jour contre ces chocs, ces accidents, afin de conserver notre équilibre. Il y a deux ans, pour des raisons philosophiques et personnelles, j’ai décidé de renoncer à cette lutte. Ce n’était pas par envie de me tuer – n’allez pas croire ça – mais parce qu’il me semblait que si je m’abandonnais au chaos de l’univers, l’univers me révélerait peut-être en dernier ressort une harmonie secrète, une forme, un plan, qui m’aideraient à pénétrer en moi-même. […] »
quotation
Nous avions l’un et l’autre réussi à nous convaincre que nous pouvions oublier ce qui était arrivé, mais lorsque nous voulûmes reprendre le cours de notre ancienne vie, nous découvrîmes qu’elle n’existait plus.
quotation
Nous ne découvrons qu’en nous tournant vers ce que nous ne sommes pas.
écriture
Presque tous les écrivains, poètes ou non, se sentent à l’écart de la vie, de la société. On marche en sens contraire. On est témoin. On regarde les choses. On ne se sent pas totalement concerné par les activités des autres.
perception
Que vois-tu ? Et si tu le vois, comment l’exprimer en paroles ? L’univers pénètre en nous par les yeux, mais nous n’y comprenons rien tant qu’il n’est pas descendu dans notre bouche.
boulimie
« Quiconque mange comme cela tente de se suicider, m’avait-il dit. C’était pareil que de voir quelqu’un se laisser mourir de faim. »
beauté
Si le monde n’était pas si beau, on risquerait tous de devenir cyniques.
quotation
Si les hommes peuvent vivre confortablement dans leur environnement, s’ils peuvent apprendre à sentir qu’ils font partie de ce qui les entoure, la vie sur terre peut alors s’empreindre d’un sentiment de sainteté.
mensonge
Si on ment, autant le faire de façon à se mettre en danger.
quotation
Tu n’as aucune ambition, l’argent ne t’intéresse pas, et tu es trop philosophe pour avoir du goût pour l’art.
avenir
[…] une fois qu’on a goûté au futur on ne peut pas revenir en arrière.
quotation
Un jour, nos regards se sont croisés, je m’en souviens bien, c’était très important, nos regards se sont croisés et j’ai senti le sien me passer à travers, comme si je n’avais jamais existé. Ç’a été un instant incroyable. J’ai senti son regard entrer par mes yeux et ressortir par l’arrière de ma tête, en faisant grésiller le cerveau dans mon crâne jusqu’à le réduire à un petit tas de cendres. Pour la première fois de ma vie, je me suis rendu compte que je n’étais rien, absolument rien.
quotation
— Vous m’étonnez, mon garçon. Étant donné votre âge, je commence à croire qu’il peut y avoir de l’espoir pour vous.
— Il y a de l’espoir pour tout le monde, monsieur. C’est ce qui fait tourner l’univers.
— Épargnez-moi les aphorismes, Fogg. Qu’avez-vous pensé de ces livres ?
— Il y a de l’espoir pour tout le monde, monsieur. C’est ce qui fait tourner l’univers.
— Épargnez-moi les aphorismes, Fogg. Qu’avez-vous pensé de ces livres ?