Il y a de bonnes raisons d’interdire le LSD, le DMT, le STP, on peut bousiller définitivement sa tête avec, mais pas plus qu’au ramassage des betteraves ou en bossant à la chaîne chez General Motors, en faisant la plonge ou en enseignant l’anglais dans une fac.
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Reparlons du LSD. S’il est vrai que moins tu en fourgues plus c’est risqué, on peut dire aussi que plus tu en prends plus c’est risqué. Toute activité créatrice complexe, comme la peinture, la poésie, le braquage de banques, la prise du pouvoir, te mène au point où le miracle et le danger se ressemblent comme des frères siamois.
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L’herbe ne fait que rendre la société actuelle plus supportable ; le LSD est déjà en soi une autre société.
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Le mauvais trip ne vient pas du LSD, mais de ta mère, du Président, de la petite fille d’en face, des vendeurs d’ice-creams aux mains sales, d’un cours d’algèbre ou d’espagnol obligatoire, ça vient d’une odeur de chiottes en 1926, d’un type avec un long nez quand tu croyais que les longs nez étaient laids, ça vient d’un laxatif, de la brigade Abraham Lincoln, des sucettes ou de Bugs Bunny, ça vient de la tête de Roosevelt, d’un verre de vinaigre, de passer dix ans dans une usine et te faire virer parce que tu as cinq minutes de retard, ça vient de la vieille outre qui t’a appris l’histoire de ton pays en sixième, de ton chien qui s’est perdu sans que personne ne t’aide à le retrouver, ça vient d’une liste longue de trente pages et haute de cinq kilomètres.
(Mauvais trip.)