Il est difficile de faire comprendre par cette énumération, et même de comprendre soi-même, la performance d’Altman racontant toutes ces histoires simultanément sans qu’elles ne se tuent ni ne se refoulent les unes les autres. Au contraire : dans leur réunion, elles s’additionnent pour donner une forme d’histoire particulière, toute nouvelle. Et cette manière de raconter une histoire libère tous les 24 personnages des contraintes qu’impose ordinairement la « story » aux acteurs, les personnages devant s’orienter plus en fonction de la dramaturgie que de leur capacité à dégager leur propre personnalité, à « représenter » leur présence sans médiation. Dans Nashville, 23 acteurs peuvent faire cela : libérés d’une dramaturgie de la story et par là même libres pour l’histoire, ils peuvent déployer toutes leurs facultés d’être « vivants », bien que, naturellement, ils « jouent ». On voit comme ils s’occupent à vivre.
Altman dit dans une interview : « We are not telling a story. We are showing. »
(Nashville : Un film où on peut apprendre à entendre et à voir)