L’être est tout en cloisonnements. Le subconscient surtout est cloisonné. L’état second montre constamment des parties qui s’ignorent les unes les autres, qui ont et gardent leur savoir propre. Ce qui surprend toujours, c’est le subconscient savant *. On ne veut y croire. L’énorme activité à demi cachée de l’esprit devient ici évidente.
Le subconscient n’est pas ici ce que certains pensent, une sorte de réserve dormante, contenant les secrets d’autrefois.
Le subconscient est actuel, actif, prodigieusement actif, et reçoit un ravitaillement quotidien. À chaque minute, à chaque instant, on refait du subconscient. La principale tâche de l’homme est même de mettre en subconscience incessamment tout ce dont il n’a pas besoin, ou qui le gêne, ou dont il ne prend pas la peine de faire le tri ou l’élucidation.
Ce n’est pas sans raison, peut-être, que ce qu’on entend le plus souvent en hallucinations auditives, ce sont des voix confuses, des propos indistincts, du donné innombrable dont le conscient s’est débarrassé dans le subconscient faute de pouvoir l’utiliser. On se croirait dans un hall de gare, passant entre des groupes aux conversations vaguement remarquées, qui ne nous concernent pas, desquelles il importe pour notre tranquillité que nous restions en dehors. Voilà qu’ici malgré soi on est rentré dans la foule.
D’autres processus d’intensification sont en route.
La conscience (le sens de la situation) n’est plus cette sorte de plaine où se fait connaître le monde et soi-même par des signaux modérés, c’est à présent une sorte de pays accidenté où en éblouissements, en falaises instantanées, en stridences, il reçoit des signaux qui ne veulent rien dire, signaux dévastateurs de paix, éléments de la grande et polymorphe révolution contre sa souveraineté.
* C’est ce qui éberluait les exorcistes du Moyen Âge (mais il s’agissait d’états seconds plus achevés et de dissociations plus poussées). Plus elles sont profondes, plus profond est le savoir.