Mais ces réserves de critique cinématographique sont orientées sur les besoins du jour : elles fournissent la plupart du temps des critères de goût, des opinions sur des films. On y écrit ce que les distributeurs pourront citer, mais on n’y crée pas une conscience du cinéma comme langage ou comme culture. Cette forme de critique s’exprime sur des films isolés mais elle ne compare plus, ni avec l’histoire du cinéma, ni avec l’état du cinéma aujourd’hui dans le monde, encore moins avec l’état du monde. En écrivant sur le cinéma seulement comme quelque chose qu’on peut, qu’on doit ou qu’on ne doit pas voir, elle occulte le sens du cinéma comme quelque chose qui est en rapport avec la vie. qui renseigne sur notre temps de façon plus exacte que le théâtre, la musique ou les arts plastiques, qui peut nuire aux hommes en les éloignant de leur désirs et de leurs peurs, ou qui peut servir les hommes en leur ouvrant la vie et en leur mettant des libertés sous les yeux, bref : le fait que le cinéma est plus que l’industrie qui produit des films.
(Nashville : Un film où on peut apprendre à entendre et à voir)